De la pratique de base à la théorie
Il est bon de rappeler que l’éternel problème qui se pose avec acuité à tous les enseignants des sports de combat et en particulier à l’entraîneur, éducateur sportif, professeur de TaeKwonDo, est bien celui de l’enseignement parfois quotidien de la spécialité sportive.
Nous savons tous, par expérience, que la difficulté majeure réside dans la résistance à la tentation de facilité qui nous invite trop souvent à adopter un plan de séance immuable et une reproduction quasi stéréotypée des contenus et des procédés d’apprentissage.
Il faut penser que le bon professeur est celui qui est capable d’attirer, les pratiquants mais surtout de les fidéliser dans leur plus grand nombre. En effet à quoi sert d’avoir de nombreuses inscriptions s’il faut les renouveler dans leur majorité à chaque saison.
Les séances répétitives, figées dans leur structuration comme dans leur contenu, ne peuvent en aucun cas séduire les élèves qui les subissent et entretenir leur motivation. Bien au contraire, elles génèrent une lassitude par manque d’entrain et finissent par vider les tatamis.
L’éducateur sportif digne de ce nom est celui qui est capable de proposer des séances en rapport avec les attentes et les besoins des pratiquants, en tenant compte de leur âge et de leur niveau de pratique, sous des formes agréables et variées qui donnent envie de revenir pour progresser encore.
Il faut connaître la spécialité sportive dans tous ses détails, les pratiquants auxquels ont s’adresse et la relation qui s’instaure entre l’entraîneur et l’entraîné, entre l’enseignant et l’enseigné, au moment de l’acte pédagogique.
La connaissance de la pratique et des pratiquants se pose selon une approche en termes d’exigences physiques, technique, tactiques, émotionnelles. La connaissance de la pédagogie se pose en termes d’efficacité et d’animation des séances.
L’acte pédagogique consiste à considérer les objectifs à atteindre, les capacités des pratiquants, les moyens à employer pour accéder aux apprentissages et pour améliorer le niveau des performances.
Il faut donc se poser la question de savoir comment procéder pour être un bon pédagogue, c’est-à-dire transmettre ses connaissances avec efficacité selon des procédés appropriés et agréables tout en motivant ses élèves.
Ceci suppose que l’on comprenne qu’une séance n’est qu’une étape sur le parcours de la saison sportive. Elle permet d’atteindre certains objectifs à partir de certains constats par la répétition d’exercices et de mise en situation selon une gradation des difficultés d’acquisition de nouveaux savoir- faire.
De la théorie à la pratique
Pour atteindre un niveau d’enseignement convenable il est nécessaire de préparer ses interventions avant de monter sur les tatamis. En sport comme ailleurs l’improvisation peut exister mais après une longue pratique et une grande maîtrise technique, rarement lorsque l’on débute dans la carrière d’entraîneur.
Le prétexte d’une modélisation sur les comportements et attitudes de l’ancien professeur ne permettra pas de tenir bien longtemps.
Il faut à chaque fois, organiser la séance par avance afin de prévoir ce qui va se passer et même afin d’anticiper sur les modifications éventuelles qu’il faudra apporter, selon que le déroulement correspondra au plan envisagé ou qu’il présentera des difficultés majeures.
Les préparations passeront par des plans de séances. Elle doit toujours être en relation (en cohérence), avec celle qui la précède et avec celle qui la suivra.
Si on prend en compte la saison sportive sur dix mois environ, à raison d’un minimum de 2 séances par semaine , nous sommes devant un problème de gestion de 80 séances distribuées tout au long de l’année.
Cette notion invite à penser à la planification de la saison qui se fera en fonction des grandes échéances (compétition ou passage de grades)
La préparation de la saison comme celle de la séance se dit en termes de phase ou de périodes ; période de mise en train, période de mise en condition, période de mise en forme, qui visent l’optimisation des capacités pour un résultat précis.
Chaque période sera constituée de cycles comprenant un certain nombre de séances ou de progression, comprenant elles-mêmes un certain nombre d’exercices.
Chaque cycle ou micro cycle sera constitué d’un nombre de séances en progression sur le plan des difficultés et des dosages des efforts.
Les idées-fortes
Le schéma de la typologie des séances se fonde sur quelques considérations incontournables ; la séance appartenant à une catégorie en fonction des buts poursuivis par l’entraîneur.
La séance mixte : la plus fréquente, réunissant tous les ingrédients : dépense physique, apprentissages techniques, perfectionnements tactiques, mise en situation, retour au calme.
La séance à dominante technique : séance d’initiation, d’apprentissage, d’amélioration ou perfectionnement, en fonction de l’âge, du niveau de pratique et des effets recherchés.
La séance de préparation tactique : essentiellement dans la perspective d’une plus grande maîtrise en situation d’opposition (combat)
La séance à dominante préparation physique : qui vise surtout à améliorer les qualités de résistance à l’effort.
Entre ces descriptions on peut trouver tout un ensemble de séances intermédiaires, incluant une dominante et quelques effets secondaires recherchés pour éviter la monotonie, pour entretenir l’adhésion des élèves sur un projet (formes jouées).
Les indicateurs essentiels
Nous allons voir que toute séance s’introduit, se développe, se conclu. Ce qui fait l’originalité de chaque séance, c’est le choix des exercices, ou des mises en situation, et leur gradation en complexité ou en coût énergétique, par le dosage des temps de travail et celui des temps de récupération.
Il faut veiller à ce que le déroulement de la séance soit équilibré en temps forts et en temps faibles, du point de vue de la difficulté des taches comme du point de vue de l’effort demandé, en rapport avec l’âge des élèves.
La séance se distingue donc par sa place dans un cycle, lui-même inclus dans une période, elle-même incluse dans un programme (trimestriel, semestriel, annuel)
Elle s’identifie par les objectifs qu’elle vise à atteindre et induisant le choix d’une dominante d’ordre plutôt technique, tactique ou physique et le choix des divers exercices.
Elle se développe sur une durée globale (1H, 1H30, 2H) et une sanction organisée de temps de travail et de temps de repos.
Elle s’organise en fonction du nombre d’élèves, de leur âge, de leur niveau de pratique (débutants, confirmés, compétiteurs) et des besoins éventuels en matériel (raquettes, Plastrons, paos)
Elle va du simple au complexe, du général au particulier, selon un rythme et une animation qui incombent au professeur. Une séance doit avant tout être vivante.
Elle comprend un nombre de mises en situation et d’exercices en progression dont l’évaluation induira le plan de la séance suivante.
Les mots- clés
Nous savons que le principe directeur du professeur-entraîneur doit être de » ne pas nuire « , ce qui signifie que, dans sa démarche pédagogique, il veillera au respect de l’intégrité physique et mentale des élèves qui lui sont confiés.
Il doit pour cela, observer certaines règles dans le sens de la préparation et du contenu des séances en recourant à une ligne directrice d’intervention ; les objectifs visés se déterminant en fonction de son observation, de son constat des points faibles à éliminer et des points forts à développer, en tenant compte de l’âge, du niveau, des besoins, des attentes de ses élèves.
Il opte alors des niveaux d’intervention ; initiation, apprentissage, amélioration, perfectionnement, entraînement, en arrêtant des types de séances (techniques, tactiques, physiques) pour lesquelles il choisira des dominantes en correspondance avec un dosage (volume de travail, degré d’intensité de l’effort) convenant au mieux à la population. Spécificité, alternance, progressivité, sont les maîtres mots qui doivent régir les interrogations du professeur préparant une séance devant répondre aux questions ; pourquoi, pour qui, comment ?
Nous attirons l’attention sur la nécessité du choix d’un paradigme d’intervention de l’éducateur sportif moderne pouvant se résumer par :
Observer – Diagnostiquer – Prescrire
Ce qui souligne l’importance de la qualité de l’observation et ses résultantes sur le processus de préparation des plans de séances.
Les éléments fondamentaux de la transmission des savoirs et savoir-faire peuvent être énumérés ainsi :
- Maîtrise de l’observation ;
- Maîtrise de la technique ;
- Maîtrise de la population (en fonction de : âge, nombre, niveau…) ;
- Maîtrise de la communication ;
- Maîtrise de l’animation.